Lettres confessées de la religieuse portugaise (La Novice et le Jésuite )

En 1660, une jeune noble portugaise a, pendant son noviciat au couvent, connu une aventure amoureuse brûlante… Quand le jeune officier français l’abandonne, son cœur est brisé, sa raison est offensée… S’ensuit l’envoi de quatre lettres enflammées… Elles seront interceptées avant le départ du bateau pour la France… L’action de la pièce se situe dans l’atmosphère confinée de la cellule de sœur Mariana, défaite, vidée… mais décidée à guérir… Les quatre lettres retrouvées, par la relecture et la confession, vont servir à un travail d’exorcisme conduit par un spécialiste missionné par les plus hautes autorités : le Père Gracián, jésuite confesseur… La jeune portugaise, pour accéder à l’état de religieuse, devra par un rituel d’épreuves morales et physiques se libérer, non sans un certain trouble (transfert psychanalytique ?) de ses démons… La cinquième lettre (écrite sous dictée ?) témoignera de ce chemin ambigu de la passion, de l’ambition, de la raison, de l’abandon et de la rémission … Pendant l’heure de ce spectacle en clair obscur, s’entendra la belle langue du XVIIème au service d’une mosaïque du sentiment et de l’émotion intime.

Mise en scène et décor : Jean-Luc Paliès

D’après Guilleragues

Avec

Cyrille Denante

Jean-Luc Paliès

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Costumes : Johanna Richard

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  • Centre des Bords de Marne, Le Perreux

Revue de presse

Ces cinq fameuses lettres que l’on attribue à La Religieuse Portugaise Mariana Alcoforado ont été publiées chez Barbin en 1669 sous le couvert de l’anonymat. Nombreux furent ceux qui tinrent que ces lettres étaient fausses. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit bien d’une littérature « féminine » qui, dans sa force épistolaire, permet de mieux faire passer le monde intérieur et les pensées intimes et secrètes de celle qui les écrit…

Ce petit ouvrage qui cristallise sur ce point toutes les tendances de l’époque fut sans doute le fait d’un homme, Guilleragues, mais qui montrait « comment pouvait écrire une femme prévenue… d’une forte passion ».

L’aveu déchirant de la transgression de l’interdit, du don absolu d’amour bafoué et exalté encore davantage à mesure que la jeune novice affronte la honte, la souffrance, l’humiliation. La culpabilité, le renoncement que lui inflige le confesseur, la trahison revécue, semblent attiser sa passion. Face au confesseur qui ne manque pas d’ambiguïté (n’en retire-t-il pas un certain plaisir par procuration ?) la jeune novice retraverse l’enfer de l’amour trahi. Cela tient à la fois du rituel sacrificiel, de l’exorcisme et de la psychanalyse.

Irène Sadowska Guillon